Colette Meynard, notre amie, notre camarade, nous a quittés ce 26 janvier, à l’aube de cette année 2012 dans laquelle elle fondait tant d’espoir. Elle était ainsi de ceux pour qui les calendriers sont ponctués par les combats pour la justice et pour l’égalité. Pour la vie tout simplement.
Nous ne l’avons jamais connue en repos, dans la résignation ou même dans l’attente inactive de jours meilleurs. Elle avait, chevillé au corps, le fol orgueil légitime de penser que l’avenir du monde dépend de chacun. « Chaque sentinelle est responsable de tout le royaume » écrivait Albert Camus. Colette était l’une de ces sentinelles. Aucune forme de militantisme ne lui était étrangère. Elle avait, dans les années 70, partagé avec sa génération l’enthousiasme pour les décolonisations comme pour les révolutions lointaines de Cuba, d’Hanoi ou de Pékin, qui semblaient alors ouvrir de nouveaux chemins d’espoir.
Elle paya parfois son engagement très cher, jusqu’au prix de plusieurs mois de prison. Le PS notamment l’avait alors soutenue, et elle fut bien sûr innocentée.
Sa radicalité était totale : toute discrimination, au coin de la rue ou au bout du monde, était intolérable à ses yeux. Militante de toutes les causes justes, aucune ne lui paraissait subsidiaire. Elle fut ce qu’on appelle une conscience.
Si sa radicalité était totale, son pragmatisme et son sens de l’efficacité l’ont fait depuis longtemps adhérer au Parti socialiste. Elle prenait aussi sa place au cœur des combats syndicaux, au SGEN-CFDT puis à la FSU pour une transformation profonde de l’Ecole tant elle savait qu’il ne peut y avoir de démocratie qu’éclairée, composée de citoyens formés.
Elle savait aussi que si l’engagement politique est indispensable, il ne vaut rien s’il ne s’accompagne d’une pratique quotidienne, attentive à la misère du monde. Dans les quartiers où elle a vécu, où elle a enseigné, Aubervilliers, Pierrefitte, le 18e, elle a participé activement à la vie associative, en particulier auprès des jeunes, des immigrés, des mères de famille… Elle ne leur prêchait pas la bonne parole, elle partageait leurs combats et leur quotidien. Elle aidait l’un à trouver un logement, un autre à régulariser sa situation, un autre encore à s’approprier la culture.
Ses amitiés étaient diverses, elle n’avait aucun sectarisme. Agnostique, elle avait œuvré au rapprochement des religions dans ces départements où la France métissée a tout son sens. Attachée aux valeurs qui sont au cœur de notre démocratie, elle savait mettre l’humain au centre de son engagement. C’est pour cela qu’elle a rejoint Ségolène Royal et l’association Désirs d’Avenir, où elle a mené son dernier combat politique en particulier pour les primaires.
En ces derniers mois, bien que très éprouvée par la maladie, elle a tenu à mobiliser des jeunes dans toute la région parisienne avec une énergie peu commune pour des collages, porte-à-porte, diffusions… Lors des primaires, elle avait fait l’admiration des équipes de collage pourtant jeunes, enthousiastes et aguerris. Chaque jour elle allait à Saintonge s’approvisionner en affiches, tracts, flyers… Nul ne pouvait imaginer que chaque matin elle se rendait à l’hôpital. La maladie ne s’effaçait jamais complètement. Pour tous elle était la « militante incomparable », celle qui couvrait Aubervilliers « du sol au plafond » selon l’expression du groupe, au point que l’équipe de Ségolène Royal avait été informée de ses performances. En même temps, elle organisait et menait des débats, écrivait des textes.
Colette était des nôtres, ségoléniste, socialiste, militante anti impérialiste, pour la paix au Proche-Orient, pour la France métissée et la dignité de ses couches populaires.
Nous partageons ces valeurs. Notre douleur est grande comme notre volonté de garder sa mémoire vivante et la détermination de poursuivre les combats qui ont été les siens et qui sont les nôtres.
Ses obsèques auront lieu le mercredi 1er Février à 14H au cimetière municipal d’Aubervilliers, 52 bis rue Charles Tillon. Venez nombreux lui rendre hommage !
Désirs d’Avenir Paris
JB
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